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Gauche et Droite (2000)
De Joseph Roth chez SeuilPublié pour la première fois en 1929 en Allemagne, Gauche et droite mérite d'être considéré comme l'aboutissement de la première manière romanesque de Joseph Roth, qui privilégiait alors l'observation minutieuse de la société allemande et autrichienne contemporaine. Tout à la fois incisif et foisonnant, le roman fait s'entrecroiser les destins de deux «frères ennemis», Paul et Theodor Bernheim, qui incarnent chacun une facette de l'Allemagne de Weimar, et celui d'un émigré russe juif, Nikolas Brandeis. Des personnages déstabilisés par l'expérience traumatique de la Grande Guerre, désespérément en quête de repères éthiques, sociaux ou politiques, tiraillés entre inquiétude existentielle et volonté de puissance. Avec en toile de fond un Berlin effervescent, dominé par le capital, la spéculation, le commerce, l'industrie, la finance, la presse, le cinéma, le cabaret, une métropole qui assiste sans grande émotion à la radicalisation d'un nationalisme xénophobe et à la montée du fascisme. Dix ans après la première publication de Gauche et droite, l'écrivain Hermann Kesten qualifiait encore ce livre de «roman politique berlinois d'une grande actualité, dans la lignée de Stendhal, Maupassant et Heinrich Mann».
Collection : Le Don Des LanguesTags : années 30, 20ème siècle, entre-deux-guerres, russe, littérature autrichienne, berlin, histoires de famille, finance, nazisme, politique, fascisme, totalitarisme, romanesque, antisémitisme, juif, quête, société, roman psychologique, roman, souvenirs d'enfance, années 30, 20ème siècle, entre-deux-guerres, russe, littérature autrichienne, histoires de famille, finance, nazisme, politique, roman politique, fascisme, totalitarisme, romanesque, allemande, antisémitisme, juif, quête, société, roman, souvenirs d'enfance.
Citations de Gauche et Droite (10)
Soudain, une expression lui vint à l'esprit. Une expression dont la stupidité n'aurait pu, à tout autre moment, infléchir sa décision. Une de ces expressions vides de sens qui, pour toute une vie, nichent dans nos cervelles : lambeaux de maximes, de formules répétées en classe, de lectures scolaires, de récits héroïques ; qui restent là, sans bouger, comme des chauve-souris, aussi longtemps que nous sommes éveillés, et n'attendent que les premiers instants d'obscurité pour recommencer à voleter en nous.
A certaines heures, il se plaisait à surestimer ses amis, ce qui était une façon de se valoriser à ses propres yeux.
En des temps où les vérités deviennent rares, rien n'est plus crédible qu'un bruit ; et plus il est cousu de fil blanc, plus il est extravagant, plus les gens à l'imagination romanesque sont prêts à l'accepter.
Le vin que l'on y trouvait, manquait son effet ; il était pourtant d'origine et choisi avec soin. On avait beau en boire, on gardait la tête froide.
Il traversait les montagnes et les mers, abordait à des côtes sauvages, revenait fier et silencieux et se contentait d'allusions dédaigneuses, comme s'il supposait chez tous une connaissance du monde. Il avait de l'expérience. Tout ce qu'il lisait et entendait, il l'avait déjà vu et entendu. Son cerveau agile créait des associations. De la bibliothèque, il tirait de vains détails dont il se servait pour éblouir. La fiche sur laquelle il notait ses « lectures personnelles » était la plus complète qui pût être. On lui « pardonnait » sa nonchalance. Elle ne jetait aucune ombre sur son « comportement moral ».
Paré de tels charmes et nanti d'un goût formé à l'art et à ses commentaires, il se précipita, en ville, dans la vie mondaine : celle-ci consiste essentiellement dans les efforts que font les mères pour trouver un mari à leurs filles qui grandissent. Paul était apprécié dans toutes les maisons où il y avait des filles à marier. Dans toutes, il savait se mettre au diapason. Il ressemblait à un musicien qui maîtrise tous les instruments de l'orchestre et s'y entend à jouer faux, mais avec grâce. Une heure durant, il était en mesure de dire des choses sensées (de son cru ou qu'il avait choisies).
C'était comme si la mort qui l'avait frôlé ce soir-là dans la baraque lui avait donné le pressentiment de sa douceur noire et terrible et avait éveillé en lui le désir de la connaître. Il ne se souciait plus de ses amis, de ses journaux, de ses discours. Il désertait leur camp, tout comme autrefois il s'était réfugié chez eux. Tel est l'homme : multiple et insaisissable.
Le monde ne se composait plus de montagnes, de vallées et de villes, il se confondait avec le mois de novembre. En proie à une indifférence de plomb, Paul oubliait parfois ses soucis. Il faisait corps avec l'une ou l'autre des choses abandonnées à la pluie, au beau milieu des champs ; avec les êtres les plus petits, les plus insignifiants, les plus inanimés : un épi de blé, par exemple, couché là, sans volonté et, dans la mesure toutefois où il eût été capable de ressentir son bonheur, attendant sa fin dans une totale félicité. Un ruisseau pouvait l'emmener, l'emporter, une botte l'écraser.
« Quand on a un frère qui revient de guerre, dit Mme Bernheim, on doit s'en réjouir, si l'on est quelqu'un d'honnête. Mais toi, cela te fait de la peine de voir que Paul n'est pas mort. Ne crois-tu pas qu'une mère sait tout de ses enfants ? Dieu m'est témoin, ton pauvre père aussi, il n'a jamais voulu me croire, et pourtant je le lui ai toujours dit, que tu étais un enfant sournois, mauvais comme une araignée, faux comme un chat et bête comme un âne. A toi seul, tu représentes toute l'histoire naturelle, et toute l'éducation qu'on t'a donnée l'a été en vain, je l'ai toujours dit à Félix, les enfants sont impossibles à éduquer s'il leur manque quelque chose à la naissance l'âme, je crois , et toi, tu n'as pas d'âme. Si tu ne craignais pas de le faire, tu frapperais ta mère. Tu voudrais déjà me voir morte, oui, morte. Mais moi, je ne mourrai pas tranquille avant d'être sûre que tu es devenu quelqu'un d'honnête.
Selon les habitudes des employées de bureau, elles se jetaient indifféremment et avec une voracité de bêtes de proie sur la première lettre venue, qu'elles introduisaient dans leur machine. C'est un geste qui plaît aux patrons, non qu'ils se réjouissent du zèle qu'ils rencontrent, mais de la peur qu'ils inspirent.
Critiques de Gauche et Droite : avis de lecteurs (2)
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Critique de Gauche et Droite par (Babelio)Le roman de Joseph Roth Droite et Gauche décrit la destinée de deux frères Paul et Theodor Bernheim .S'y ajoute un personnage , Nikolas Brandeis , émigré juif russe .Le décor , c'est celui de la Répub...
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Critique de Gauche et Droite par Albounet (Babelio)Bien grand lecteur celui qui prétend avoir lu ce roman avant cette réédition. Et pourtant, dieu sait que Joseph Roth fait partie , avec Robert Musil et Thomas Mann, des grands romanciers germanophone...
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