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Manosque-des-Plateaux / Poème de l'olive (1986)
De Jean Giono chez GallimardCe livre, consacré par Giono à sa ville natale et au pays qui l'entoure, a été écrit et publié en 1930. C'est une des plus séduisantes de ses
œuvres d'avant-guerre. Les images se pressent pour évoquer ce monde de plateaux et de collines qui, à partir de Manosque, s'offre à la vue
et à l'exploration dans la direction des quatre points cardinaux. Ainsi se forme, en marge de l'oœuvre romanesque, le premier d'une longue
série de tableaux de la Provence telle que Giono la voit. Dans la seconde partie du livre, qui porte sur la ville elle-même, plusieurs des histoires esquissées, comme celle du mal mystérieux rapporté d'outre-mer par un officier de marine, préfigurent l'œuvre à venir. Le Poème de l'olive, écrit quelques mois auparavant et publié en 1931 dans la revue Bifur, est joint ici pour la première fois à Manosque-des-Plateaux. Ce texte évoque dans le même style un moment de l'année dans la vie collective de
la ville et une de ses activités fondamentales : la cueillette des olives au début de l'hiver, puis le temps de la fabrication de l'huile.
Tags : récits, roman, poèmes, poésie, témoignage, Descriptions et voyages, oiseaux, naufrage, arbres, contes, culture, villes, agriculture, marche, pastoralisme, montagnes, alpes, littérature française, provence, 20ème siècle.
Citations de Manosque-des-Plateaux / Poème de l'olive (7)
Là se prend le grand lavage qui fait désormais partie de ma vie. Du thym, des lavandettes, de la sauge, de l'herbe dure, de courts genets, une autre herbe plus charnue et le vent. N'est-ce pas, durant l'hiver, on s'est imbibé d'air saumâtre, on a mis le nez sous les couvertures, on a tisonné l'âtre, bu de la pluie par les narines et lu des petits livres. Il faut bien un jour et une nuit à nager dans les herbes. Puis au matin du deuxième jour, on ouvre l'oeil : on est propre.
Au printemps, un amandier solitaire s'éclaire soudain d'un feu blanc, puis s'éteint. Du haut du ciel, le vent plonge; la flèche de ses mains jointes, fend les nuages. D'un coup de talon, il écrase les arbres et il remonte. Parfois, un aigle roux descend des Alpes, mais l'air des plaines proches ne le porte plus; il nage à grands coups d'aile et il crie comme un oiseau naufragé.
Manosque des plateauxCe beau sein rond est une colline; sa vieille terre ne porte que des vergers sombres. Au printemps, un amandier solitaire s'éclaire soudain d'un feu blanc, puis s'éteint. Du haut du ciel, le vent plonge; la flèche de ses mains jointes fend les nuages. D'un coup de talon, il écrase les arbres et il remonte. Parfois, un aigle roux descend des Alpes, mais l'air des plaines proches ne le porte plus; il nage à grands coups d'aile et il crie comme un oiseau naufragé.Si on quitte le chemin, il y a des olivaies envahies par les roses. C'est comme une peau de bélier qu'on a jetée sur les arbres. C'est épais et ça saigne. On a chaud là-dessous d'une lourde chaleur de laine; l'herbe sue. Pour sortir de cette ombre, il faut s'écorcher les mains. Un mois après, on trouve une rose séchée dans sa poche.De grands talus se chauffent au midi, fleuris de serpents immobiles. Les lézards sont épais comme le bras. Ils dorment au soleil puis sautent, happent, et mâchent longuement des abeilles à goût de miel. Ils en pleurent des larmes d'or qui grésillent sur la pierre brûlante. La lagremuse est toute grise, avec des pattes comme un fil, une queue qui semble une ombre; mais elle a un coeur énorme, un coeur déchaîné dans elle comme un orage et elle en est là, palpitante. Un mariage de gros frelons assomme les scabieuses de son vol aveugle. Les sauterelles se déclenchent et passent tout éperdues dans un saut puis elles ouvrent leurs ailes rouges. Une caravane de fourmis, large comme une route d'homme, coule sous les feuilles. Une procession de chenilles adore lentement un pin dans ses spirales. Une maison aux murs en coque de noix, bombés et ocre, craque doucement, écrasée sous sa charge de tuiles, de poutres et de soleil. L'ombre transparente des oliviers tient dans sa toile d'araignée la sieste d'une toute petite fille. Elle dort dans l'herbe chaude. Elle a remonté toutes ses robettes et, sans ouvrir les yeux, elle gratte à pleine griffe son ventre sucé par les mouches. Un chevreau lutte avec une guêpe. L'odeur du thym fume jusqu'à la lune. Un beau nuage s'est envasé dans un bras mort du vent; il ne peut plus arracher sa proue de l'azur immobile et, à bout de forces, il ondule lentement de la poupe.
CE BEAU SEIN ROND EST UNE COLLINEJe ne pourrai jamais retrouver le vrai visage de ma terre : cet oeil pur des enfants, je ne l'ai plus.Quand j'étais petit, je jouais, puis j'avais faim. Ma mère taillait alors une plate tartine de pain, elle la saupoudrait de sel, elle l'arrosait d'huile par un large 8 de la burette penchée ; elle me disait : "mange." Ce sel, il me suffisait de humer le vent odysséen ; il était là avec l'odeur de la mer ; ce pain, cette huile, les voilà tout autour dans ces champs de blé vert dessous les oliviers. Ainsi, s'est aiguisée de longue habitude l'ardente faim de mon coeur.Jamais assez de ce pain...Jamais assez de ce sel, de cette huile, ma mère.Avec mes joies, avec mes peines, j'ai mâché des quignons de ma terre ; et maintenant, la ligne où se fait le juste départ, la ligne au-delà de laquelle je cesse d'être moi pour devenir houle ondulée des collines, la ligne est cachée sous les frondaisons de mes veines et de mes artères, dans les branchages de mes muscles, dans l'herbe de mon sang, dans ce grand sang vert qui bout sous la toison des olivaies et sous le poil de ma poitrine.Ce beau sein rond est une colline ; sa vieille terre ne porte que des vergers sombres.
Poème de l'oliveCe temps des olives ! je ne connais rien de plus épique.De la branche d'acier gris jusqu'à la jarre d'argile, l'olive coule entre cent mains, dévale avec des bonds de torrents, entasse sa lourde eau noire dans les greniers, et les vieilles poutres gémissent sous son poids de nuit.Sur le bord de ce grand fleuve de fruits qui ruissellent dans le village, tout nôtre monde assemblé chante...Ça c'est le temps de la cueillette, le temps où l'on trait l'arbre comme on ferait pour traire une chèvre, là, mains à poignées sur la branche, le pouce en l'air, et puis cette pression descendante.Mais au lieu de lait c'est l'olive qui coule...
Avec mes joies, avec mes peines, j'ai mâché des quignons de ma terre; et maintenant, la ligne où se fait le juste départ, la ligne au delà de laquelle je cesse d'être moi pour devenir houle ondulée des collines, la ligne est cachée sous la frondaison de mes veines et de mes artères, dans les branchements de mes muscles, dans l'herbe de mon sang, dans ce grand vert qui bout sous la toison des olivaies et sous le poil de ma poitrine.
J'ai des jambes: il n'y-a pas de route qu'on n'en vienne à bout avec des jambes. j'ai des bras: il n'y-a pas de travail qu'on assomme avec des bras et de la patiente. Et puis depuis que je fais ça, j'ai du temps pour tout. J'ai du temps plein ma poche. Je peut en dépenser tant que je veux, à ce que je veux; ça ne coûte rien. La vie est belle.
Critiques de Manosque-des-Plateaux / Poème de l'olive : avis de lecteurs (5)
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