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Classé sans suite (2017)
De Claudio Magris chez GallimardDans ce roman violent, tendre et passionné, Claudio Magris se confronte à l’obsession de la guerre, quels que soient l’époque et le pays, une guerre universelle, indissociable de la vie même, rouge de sang, noire comme les cales des navires négriers, sombre comme la mer qui engloutit les trésors et les destins, grise comme la fumée des corps brûlés dans le four crématoire nazi de la Rizerie de San Sabba à Trieste, blanche comme la chaux qui recouvre le sépulcre et les noms des bourreaux. Classé sans suite est l’histoire d’un grotesque Musée de la Guerre pour l’avènement de la Paix, de ses salles et de ses armes dont chacune est une archive de passions et de délires ; c’est l’histoire de l’homme qui sacrifie sa vie à son projet maniaque, puis se rachète enfin dans la recherche acharnée d’une atroce vérité cachée ; c’est l’histoire d’une femme, Luisa, héritière de l’exil juif, de l’esclavage des Noirs et des vicissitudes d’une foule d’autres personnages en des temps et dans des pays les plus divers. À travers les éclats d’une narration totale, à la fois précise et visionnaire, Claudio Magris explore l’enfer impitoyable de nos fautes et raconte une épopée implacable traversée par les tragédies et les silences de l’amour et de l’horreur.
«Dans cette époque barbare de l’Histoire, les œuvres et la présence de Claudio Magris sont indispensables.» George Steiner.
Tags : saga, roman, roman historique, fresque, délire, exil, juif, enfer, esclavage, musée, holocauste, racisme, inquisition, fascisme, amour, seconde guerre mondiale, camps de concentration, indien, italie, littérature italienne.
Citations de Classé sans suite (10)
Quand on est dans l'inverseur, les temps grammaticaux n'existent plus, ce sont tout au plus des tics verbaux, un remplissage que l'on intercale pour reprendre son souffle quand on ne sait pas que dire. Au commencement était le Verbe, mais ici il n'y a pas de commencement et donc pas non plus de Verbe. Ces informations sur l'enfance, par exemple, nous les mettons nous les avons mises, nous les mettrons, mettez-les, chère Madame Brooks ici et là, éparpillées. Entre autres parce qu'elles ne comptent pas beaucoup. Au Musée, ce qui doit compter, ce sont les choses, objets hélicoptères carquois mitrailleuses, elles aussi ignorantes des temps verbaux ; qu'il, c'est-à-dire je, puisse susciter de la sympathie, il, je le comprends, je m'en félicite même, mais ce n'est pas moi qui compte.
Toute frontière est fille de la guerre
Le chat ne fait rien, il « est », comme un roi. Il reste assis, pelotonné, allongé. Il a la persuasion, il n'attend rien et ne dépend de personne, il se suffit. Son temps est parfait, il se dilate et se rétrécit comme une pupille concentrique et centripète, sans se précipiter dans un angoissant écoulement goutte-à-goutte. Sa position horizontale a une dignité métaphysique que l'on a en général désapprise. On se couche pour se reposer, dormir, faire l'amour, toujours pour faire quelque chose et se relever dès qu'on l'a fait ; le chat se couche pour être couché, comme on s'étend devant la mer rien que pour être là, étiré et abandonné. C'est un dieu de l'instant présent, indifférent, inaccessible
Non, il n'était pas génial; tout au plus génialoïde. Bien vilain suffixe, cet oïde qui déforme toute qualité, de tous les péjoratifs, le plus prodigue en coup bas.
Le Musée lui aussi devrait être un amas confus de l'avant et de l'après, comme les choses qu'il montre et raconte. Pourtant, ce serait bien de pouvoir commencer par le commencement, comme la Torah. Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Au commencement ou presque, car il semble qu'il y avait déjà Tohu et Bohu, le Chaos et le Vide, ils sont toujours là, ces deux, et ils vous empêchent de commencer vraiment quelque chose et quelque histoire que ce soit. Mais avec lui, par exemple, on pourrait commencer, même à l'encontre de sa volonté, sinon par la naissance ou, si l'on veut être plus rigoureux, neuf mois auparavant, quand commence véritablement son histoire , du moins par l'enfance, l'adolescence, dont parlent, même si c'est à la hâte et le souffle court, ses carnets.
« La seule chose qui ne me plaît pas, dans ce poème admirable apprenez-le par cur, Madame, les poèmes, les vrais, ça s'apprend par cur, ceux qu'on n'arrive pas à apprendre par cur ne sont pas de vrais poèmes , la seule à laquelle je trouve à redire, c'est cette façon de tutoyer d'abord le papillon et ensuite, à la fin, le lecteur lui-même. Comment peut-il se permettre, pour qui se prend-il ? En ce qui me concerne, je ne suis pas assez familier même avec moi pour me tutoyer. Et à plus forte raison, il ne me viendrait pas à l'esprit de dire moi. M'avez-vous jamais entendu prononcer ce mot ? Ce serait indécent. En présence d'une dame, qui plus est La troisième personne, en revanche, c'est bien.
D'ailleurs, l'invention, le « mensonge » fait peut-être partie des choses qui nous appartiennent le plus, qui n'appartiennent qu'à nous, dans le bien et beaucoup plus souvent dans le mal; la vérité est là, objective, même si elle n'est presque jamais pleinement accessible. Elle se fait toute seule, indépendamment de nos sentiments et de nos pensées.
Il faut toujours les respecter et les protéger les livres. même ceux qu'on n'aime pas. p63
On naît mère, comme on naît poète
Les Maîtres de l'art de la guerre ne disent jamais moi, à commencer par le premier et le plus grand d'entre eux, Sun Tzu, qui est peut-être Sun Wu ou d'autres c'est-à-dire personne, un grand Maître indéterminé, voix de beaucoup de Maîtres, qui de fait commence toujours son discours par : Le Maître Sun a dit « Employons donc toujours lui, de grâce, y compris quand nous parlons avec nous-mêmes. Dans le fond, cela revient à utiliser la troisième personne de politesse, comme tout le monde le fait en italien Le tu viendra quand nous nous apercevrons que la mort a été abolie, qu'elle s'est fondue dans l'amour. »
Critiques de Classé sans suite : avis de lecteurs (10)
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Critique de Classé sans suite par Litteraflure (Babelio)Je n'ai malheureusement pas accroché. Le sujet était prometteur : une petite-fille de déportée (Luisa) a la responsabilité de monter un musée consacré à la paix, selon les voeux de son emblématique fon...
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Critique de Classé sans suite par sweetie (Babelio)Ce roman m'a causé quelques difficultés de lecture à son début: très verbeux, onirique, rempli de digressions, le tout accompagné de changements de ton et de langage subits, voilà pour le premier tier...
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Critique de Classé sans suite par JMLire17 (Babelio)Claudio Magris est né à Trieste. Cette ville a connu, lors de la seconde guerre mondiale des affrontements entre les nazis, les fascistes, les communistes, les résistants, et les alliés libérateurs. S...
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Critique de Classé sans suite par jmb33320 (Babelio)La ville de Trieste, cosmopolite et au passé très agité, est le décor principal de ce roman touffu et exigeant, qui réclame du temps et une attention soutenue. Résumer son propos n'est pas facile car ...
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Critique de Classé sans suite par Fred44 (Babelio)Je vous prie d'avance de m'excuser pour ce commentaire sans intérêt... Je viens juste d'avoir le livre. Je n'en ai lu pour le moment que quelques pages, mais je ne peux que l'aimer car c'est moi qui...
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Critique de Classé sans suite par oiseaulire (Babelio)Le thème déjanté de ce livre m'a plu : quoi de plus réjouissant que l'idée de fonder un musée de la guerre pour.... l'avènement de la paix ? Collationner tout ce qui a trait aux conflits militaires...
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Critique de Classé sans suite par Bougnadour (Babelio)Nous avons certainement affaire à un grand livre mais il ne s'est pas offert à moi, je n'ai pas pu trouver la porte d'entrée dans ce foisonnement impressionniste. Le propos est donc de mettre la guer...
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Critique de Classé sans suite par barbaraW (Babelio)Un original collecte des armes et les expose pour qu'elles deviennent des reliques. L'auteur est une sorte d'aède traitant de l'épopée humaine.
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Critique de Classé sans suite par (Babelio)De la guerre. Dans ce roman magistral, autour du point névralgique que fut Trieste, Claudio Magris construit un mausolée muséal à la violence humaine, à sa propension à en oublier les répétitions. Cla...
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Critique de Classé sans suite par cprevost (Babelio)Il n'y a jamais trop de notes, de thèmes, de nuances dans un morceau de Debussy ; de la même manière, il n'y a pas trop d'histoires, trop de digressions, trop de retours en arrière dans « Classé sans ...
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Ils parlent de Classé sans suite
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Le Temps |
Claudio Magris, contre l'oubli - Le TempsLe passé occulté de Trieste inspire à l’essayiste Claudio Magris un roman magistral qui explore les strates de l’histoire
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Le Figaro.fr | 26-10-2017
Classé sans suite, de Claudio Magris: Trieste la terribleLe grand écrivain italien publie un roman-fleuve, nouveau témoignage de son combat contre l'oubli et la barbarie. Rencontre.
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Le Monde.fr |
Claudio Magris, Drago Jancar et Umberto Saba sur Trieste : la chronique « poches » de Mathias EnardCHRONIQUE. Le journal de bord des lectures en poche de Mathias Enard.
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Le Monde.fr |
Claudio Magris livre une étude « totale » et remarquable de l’humanitéClaudio Magris situe « Classé sans suite » dans la Risiera di San Sabba, camp de concentration nazi situé en Italie. L’écrivain roumain Norman Manea a lu ce splendide roman.
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Le Devoir |
«Classé sans suite»: le musée éclaté de Claudio Magris | Le DevoirAvec érudition, le romancier italien lutte contre les fureurs de l’Histoire.
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La Croix | 19-10-2017
Claudio Magris, les secrets de TriesteCette fois, Claudio Magris, l’homme des frontières, ne musarde pas sur les rives du Danube ou dans le golfe de Kvarner. Sa ville de Trieste, ce melting-pot tant de fois célébré de culture italienne, de tradition germanique et d’effervescence slave, abrite un secret.
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Claudio Magris, le roman et l’obsession de la guerre | Italieaparis.netL'Institut culturel italien reçoit vendredi 13 avril 2018 à 19h, un monument de la littérature italienne : Claudio Magris. Cette rencontre est organisée dans le cadre du festival
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L'Humanité | 28-12-2017
Trieste, au carrefour de toutes les guerres | L'HumanitéClassé sans suite Claudio Magris, traduit de l’italien par Jean et Marie-Noëlle Pastureau Gallimard, Collection « l’Arpenteur », 478 pages, 24 eurosUn professeur triestin a voué sa vie à la création d’un musée de la Guerre dans un ancien camp de concentration nazi. Un texte fiévreux de Claudio Magris sur l’histoire et l’obsession de la violence.
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Le Point | 05-11-2017
Magris : "Je suis un patriote européen déçu" - Le PointÉternel nobélisable, avec "Classé sans suite" inspiré d'un personnage réel, l'écrivain de Trieste a écrit son "Guerre et Paix". Rencontre.
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Livres Hebdo |
Les 20 meilleurs livres de 2017 selon le magazine Lire | Livres HebdoLe mensuel Lire publie dans son numéro de décembre ses 20 meilleurs livres de l'année 2017 par catégorie. Comme chaque année, le magazine révèle
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Le Figaro.fr | 23-05-2019
Boris Pahor, doyen des lettres mondiales et grand témoin d’une Europe défunteRENCONTRE - À quelques semaines de ses cent six ans, ce survivant des camps nazis, auteur de Pèlerin parmi les ombres, reste un homme engagé contre la barbarie et l’intolérance.
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Écrivaines, écrivains au musée XIXe-XXIe s. (Paris 8 à Saint-Denis & Musée du Louvre) -
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Les meilleurs livres de l'année 2017 selon Le Monde des LivresLa fin de l'année marque l'heure des bilans, et les différentes rédactions littéraires...
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Livres et BD à offrir : les coups de cœur de la rédaction du « Monde des livres »Les cinq livres préférés de chacun(e) des membres de l’équipe du « Monde des livres ».
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Les meilleurs livres de l'année 2017 selon le magazine LireVolant au secours de ceux qui hésitent quant au cadeau de Noël idéal, le magazine Lire...
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L’année 2017 en littérature: tendance et coups de cœur - Le TempsL'année 2017 ne fait pas exception: les grandes (et moins grandes) figures devenues personnages de roman ont hanté les bibliothèques. Retour sur les dix meilleurs romans des douze derniers mois
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Robert Lalonde lit de tout! | Le Journal de MontréalL’acteur et romancier Robert Lalonde lève le rideau sur tous ses coups de cœur littéraires.
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«Seule la terre» — Amour pastoral | Le DevoirUn homme réapprend à aimer la terre et à s’aimer lui-même dans la lande anglaise.
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Mediapart |
Une du 29 novembre 2017 | MediapartMediapart est le site d'information indépendant lancé en mars 2008 autour d'Edwy Plenel avec une équipe éditoriale de plus de 35 journalistes. Le site Mediapart est ouvert aux contributions de ses abonnés.
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