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Les Guêpes (1998)
De Aristophane chez Belles LettresVoici les ingrédients d'une lecture comique de l'institution judiciaire de l'Athènes démocratique: un vieillard obsédé par les tribunaux, son fils qui se met en tête de le guérir de sa folie, et d'autres vieillards qui ne tarderont pas à comprendre que ce qu'ils considèrent comme l'expression de leur souveraineté n'est qu'un leurre. En effet, participer aux jurys populaires est chose à peu près aussi importante que de désigner le coupable du vol d'un fromage, vol dont on sait qu'il a été commis par l'un des chiens de la maison!
En mettant en scène ce procès, qui se déroule non pas à l'Héliée mais devant la porte de la maison, Aristophane veut montrer la nécessité d'arracher les vieillards à leur délire judiciaire et nous donne à lire une savoureuse parodie de l'exercice de la justice.
Tags : parodie, comédie, théâtre antique, théâtre, comique, délire, rhétorique, démocratie, justice, société, démagogie, politiciens, absurde, politique, critique sociale, antiquité, sociologie, grec, littérature grecque, littérature antique.
Citations de Les Guêpes (4)
BDÉLYCLÉON : Alors que tu pourrais devenir riche, et tout le monde avec toi, tu te laisses rouler, savoir comment, par des démagogues de carrière ; oui, toi, qui règnes sur quantité de villes depuis le Pont jusqu'à la Sardaigne, et qui n'en retires rien que de misérables honoraires. Et encore, ils te les distillent petit à petit, au compte-gouttes comme de l'huile, juste pour t'empêcher de mourir de faim. Ils veulent que tu restes pauvre, et je vais te dire pourquoi : celui qui t'a dressé veut t'avoir bien en main ; il veut, quand il siffle pour t'exciter contre un ennemi, que tu te jettes dessus comme un chien féroce. Il leur serait facile, s'ils le voulaient, d'assurer le bien-être au peuple. Nous avons actuellement un millier de villes qui nous payent l'impôt. Si chacune d'elles était obligée de nourrir vingt bouches, vingt mille de nos compatriotes mèneraient une vie où ne manqueraient ni les pâtés de lièvre, ni les couronnes de toutes sortes, ni le lait le plus pur, ni les fromages à la crème ; vous jouiriez de délices dignes de notre patrie et des trophées de Marathon. Mais, pareils aux journaliers occupés à la récolte des olives, vous marchez sur les talons de celui qui tient la paye.
BDÉLYCLÉON : Écoute-moi donc, cher papa, mais veuille te dérider un peu. Et d'abord, fais cet élémentaire calcul qui consiste à compter sur tes doigts, sans cailloux, le total des contributions versées par les villes alliées. D'un autre côté, pour l'ajouter, fais le total des impôts, des centièmes qui se multiplient, des frais de justice, des mines, des droits de marché, des douanes, des taxes locatives, des ventes judiciaires. Cela nous donne un total général approximatif de deux mille talents. Maintenant, veuille, sur ces recettes, prélever la somme pour laquelle les six mille juges pour le pays je ne suis pas au-dessous du compte émargent annuellement au budget : cette somme, si je ne me trompe, monte à cent cinquante talents.PHILOCLÉON : Mais alors, il ne nous revient pas même le dixième des recettes ?BDÉLYCLÉON : Parbleu, pas le dixième bien sûr.PHILOCLÉON : Et le reste de l'argent, où passe-t-il donc alors ?BDÉLYCLÉON : À ceux qui crient : " Je ne trahirai pas la foule qui s'agite dans Athènes, mais toujours je combattrai pour le populaire. " Et toi, mon père, ce sont ces gens que tu choisis pour maîtres, parce qu'ils t'en imposent en faisant de belles phrases. [...] Les cités alliées, voyant que le populo n'a rien à se mettre sous la dent que les miettes du gâteau qui se trouve au fond du panier, te comptent pour zéro, comme on fait de la voix de Connos, tandis qu'elles leur apportent aux autres des conserves, du vin, des tapis, des fromages, du miel, du sésame, des coussins, des coupes, des manteaux, des couronnes, des colliers, des vases, la richesse et la bonne santé. Mais de tous ceux que tu commandes, après avoir tant battu les mers et les terres, pas un seul ne te fait seulement cadeau d'une tête d'ail pour mettre avec tes petits poissons.
PHILOCLÉON : Pitié ! sauve aujourd'hui ton voisin, et je promets de ne plus pisser en lâchant des pets contre ta palissade.
PHILOCLÉON : Tu vois les avantages dont tu voulais me priver et me frustrer, et dont tu prétendais prouver que ce n'était qu'esclavage et domesticité.BDÉLYCLÉON : Paye-toi de mots ; ça cassera bien un jour ce splendide trône ; il faudra bien que l'on constate que tu n'es qu'un cul plein de crotte.
Critiques de Les Guêpes : avis de lecteurs (4)
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Critique de Les Guêpes par Chasto (Babelio)Inquisition d'une démocratie athénienne rendue victime de son système de jugement. Cette pièce se fera réquisitoire face à une rhétorique trop flatteuse d'un public trop crédule face à un démagogue...
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Critique de Les Guêpes par helhiv (Babelio)Les guêpes d'Aristophane est une comédie antique dont le ton est résolution moderne. Bien sûr, il y a nombre de références qui m'ont échappées (lacunes de culture grecque ou private jokes vieilles de ...
Lire la critique complète > -
Critique de Les Guêpes par Nastasia-B (Babelio)Voici une petite comédie antique qui justifie quelques explications pour être pleinement savourée et comprise. Il n'est sans doute pas vain de rappeler que dans l'Athènes d'Aristophane, il n'y a pas ...
Lire la critique complète > -
Critique de Les Guêpes par gerard patte (Amazon)comme tous les fascicules de la collection : le plaisir toujours renouvelé de lire un texte aussi bien en grec qu'en francais et de retrouver les mécanismes de la traduction
Lire la critique complète >
Ils parlent de Les Guêpes
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Le Temps |
«Lysistrata», le désir comme arme de paix - Le TempsLa célèbre comédie d’Aristophane met en scène la grève du sexe des femmes grecques pour faire cesser la guerre du Péloponnèse. Une pièce obscène et joyeuse, souvent adaptée
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Les livres que les élèves du lycée Henri IV doivent lire cet été avant d’entrer en seconde - Le Figaro EtudiantLa période de vacances ne marque pas forcément la fin du travail. Pour le lycée Henri IV, à Paris, profiter de ces deux mois d’été pour lire est une obligation. Le Figaro Etudiant vous dévoile la liste conseillée aux lycéens.
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8 juillet 1957, le jour où Michel Vinaver trouve l’inspiration des « Huissiers »
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