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Frankenstein à Bagdad (2017)
De Ahmed Saadawi chez Le Livre De PocheDans le quartier de Batawin, à Bagdad, en ce printemps 2005, Hadi le chiffonnier récupère des fragments de corps abandonnés sur les lieux des attentats pour les coudre ensemble. Plus tard, il raconte que la mystérieuse créature qu’il a fabriquée – « Trucmuche » – a pris vie et qu’elle écume les rues pour venger les victimes dont elle est constituée.
À travers les pérégrinations sanglantes de cet être monstrueux mais aussi capable d'humanité, Ahmed Saadawi, entre réalité et conte fantastique, superstitions magiques et croyances religieuses, dresse le portrait d'une ville où tout le monde a peur de l'inconnu et où la frontière entre le bien et le mal demeure toujours incertaine.
Un roman salutaire et intense. Léonard Billot, Les Inrockuptibles.
Ahmed Sadawi sait étonnamment évoquer la souffrance tout en maintenant de la tendresse pour les ressources imprévues des vivants. Remarquable. Éric Dussert, Le Monde diplomatique.
Prix international du roman arabe. Grand prix de l’Imaginaire.
Tags : roman, fantastique, délire, peur, violence, juif, justice, vengeance, attentats, morts vivants, littérature irakienne, secrets, justicier, créatures, bagdad, géopolitique, politique, psychose, irak, littérature arabe.
Citations de Frankenstein à Bagdad (10)
L'explosion se produisit deux minutes après le départ de bus Kia qu'avait emprunté la vieille Elishua Oum Daniel. Tous les passagers se retournèrent d'un bloc et découvrirent au-delà de la foule l'impressionnant panache de fumée, d'un noir profond, qui s'élevait du parking situé à proximité de la place de l'Aviation, au centre de Bagdad.
L'homme est un être extrêmement arrogant; il ne reconnait jamais son ignorance.
Il passa le plus clair de la nuit à boire lentement, calmement, assis sur son lit, son verre et l'assiette de mezze posés près de lui sur un haut guéridon en métal. Il écouta le gargouillis léger de la radio, dans les ténèbres faiblement éclairées par une lanterne noire de suie. Fidèle à ses habitudes, il leva son dernier verre en l'air, comme s'il se trouvait dans un bistrot bruyant et qu'il saluait les fantômes assis à ses côtés, fantômes de gens qui s'en étaient allés, et d'autres qu'il n'avait jamais vus. Il salua l'obscurité, et les choses éparpillées dans sa chambre où grouillaient les rats. Il but ce dernier verre et entendit du bruit du côté de l'entrée. Il se retourna, vit la porte qui bougeait. Elle s'ouvrit en grand, laissant apparaître une haute silhouette sombre. Son sang se figea dans ses veines lorsqu'il la vit soudain avancer vers lui. La lueur jaunâtre de la lanterne frappa le visage de l'intrus, qui lui apparut nettement : un visage couturé de points de suture, un gros nez et une bouche fendue comme une balafre béante.
Elle voyait en eux deux individus voraces à l'âme noire, comme une tache d'encre qu'on peine à faire partir sur un tapis bon marché.
...tout le monde est responsable de cette catastrophe, d'une manière ou d'une autre. J'ajouterais même que les incidents de sécurité et les tragédies que nous vivons ont une seule source, la peur. Les pauvres gens sur le pont, c'est la peur qui les a tués. On meurt tous les jours de la peur de mourir. Ceux qui ont accueilli et soutenu Al-Qaïda l'ont fait par peur de la secte adverse, laquelle a elle aussi pris les armes et constitué des milices pour se protéger d'Al-Qaïda. Et a fabriqué d'autres machines de mort à cause de sa peur de l'autre. Nous allons voir se multiplier les morts dus à la peur. Le gouvernement et les forces d'occupations doivent en finir avec la peur, la tuer dans l'uf, s'ils veulent vraiment stopper cet engrenage de morts.
Il se méfiait également des Américains. Ils l'exploitaient pour dresser la carte des mouvements des adversaires, des ennemis et des alliés, ils se servaient de ces renseignements comme ils l'estimaient utile. Or cette notion d'utilité ne correspondait pas toujours à l'idée que s'en faisait le brigadier Mohammed Sourour.
Parce que je suis fait de rognures humaines renvoyant à des ethnies, des tribus, des races et des milieux sociaux différents, je représente ce mélange impossible qui n'a jamais été réalisé auparavant. Pour lui, je suis le premier citoyen irakien.
J'ajouterais même que les incidents de sécurité et les tragédies que nous vivons ont une seule source, la peur.
C'était un menteur , tout le monde le savait, même s'il jurait avoir mangé un uf au plat au petit déjeuner, il avait besoin de témoins pour l'appuyer; alors que serait ce s'il se mettai tà parler d'un corps nu fait de bouts de cadavres rafistolés?
- J'voulais l'emmener à la morgue,parc'que c'cadavre-là,il était intact, et qu'ils l'avaient laissé pourrir dans la rue comme une ordure. Un être humain, chef, tu t'rends compte!- Le cadavre n'était pas intact...c'est toi qui l'as rafistolé.- Je l'ai rafistolé pour qu'on l'traite pas comme un vulgaire déchet...pour qu'on l'respecte comme les autres, et qu'on l'enterre, chef !
Critiques de Frankenstein à Bagdad : avis de lecteurs (12)
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Critique de Frankenstein à Bagdad par Acidus (Babelio)Depuis quelques temps, le choix de certaines de mes lectures est directement inspiré de la liste des Grand Prix de l'Imaginaire, catégorie « romans étrangers ». Outre les habituels anglo-saxons, c'est...
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Critique de Frankenstein à Bagdad par sarahorchani (Babelio)Plongée dans la violence de Bagdad. Deuil et vengeance suite aux attentats L imaginaire comme l exutoire de la tragédie irakienne. Ce personnage une sorte de golem irakien créé par un chiffonnie...
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Critique de Frankenstein à Bagdad par mdamonk (Babelio)Je commence la lecture de roman avec une certaine appréhension, une petite peur de l'objet à lire non-identifié. La chose n'est pas aisée, le style décousu de la narration m'oblige à poser le livre et...
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Critique de Frankenstein à Bagdad par (Babelio)Un roman qui confronte la tradition orientale du conte et la situation géopolitique ultra-violente de l'Irak actuel. Le Trucmuche, allégorie de l'injustice générale régnant sur le pays après la chute ...
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Critique de Frankenstein à Bagdad par Olloix (Babelio)Ce livre surprenant m'a captivé pour plusieurs raisons. Il peut se voir comme un documentaire de la vie à Bagdad 3ans après l'invasion américaine. On y découvre un mode de vie fait de démerdes et de p...
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Critique de Frankenstein à Bagdad par Myrinna (Babelio)Roman audacieux mais tellement complexe. Frankenstein à Bagdad n'est pas qu'un livre de science- fiction. À travers le mythe de Frankenstein revisité, Ahmed Saadawi présente une société décadente touc...
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Critique de Frankenstein à Bagdad par Flaubauski (Babelio)A lire le titre et la quatrième de couverture de ce roman, l'on pourrait s'attendre à une réécriture bête et méchante du Frankenstein de Mary Shelley version contemporaine. Mais il n'en est bien sû...
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Critique de Frankenstein à Bagdad par Paquito (Babelio)Bagdad 2005... la difficulté d'une population à essayer de vivre "normalement' tout en évitant les bombes et les kamikazes, les bandes opposées, les américains. Quelle belle découverte que ce roman là...
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Critique de Frankenstein à Bagdad par Elodieuniverse (Babelio)Bagdad / Quartier de Badawin. Au coeur du chaos qu'est cette ville, Hadi le chiffonnier scrute avec avidité les lieux des explosions. Au delà des objets, Hadi convoitise quelque chose de particulier: ...
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Critique de Frankenstein à Bagdad par SeriallectriceSV (Babelio)Une lecture extrêmement prenante, étonnante, originale, une fiction abracadabrantesque avec en toile de fond les images d'une sombre réalité. Nous sommes en 2005 à Bagdad, sous occupation américaine, ...
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Critique de Frankenstein à Bagdad par traversay (Babelio)Bagdad en 2005 a tout d'un pandémonium. La capitale irakienne, occupée par les américains, minée par la corruption, est en plein chaos soumise à une violence quotidienne marquée par des attentats suic...
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Critique de Frankenstein à Bagdad par chachourak (Babelio)Dans le quartier de Batawin à Bagdad, des personnages aussi charismatiques que farfelus se croisent chaque jour, se chamaillent et écoutent les histoires abracadabrantes que raconte Hadi le chiffonnie...
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Ils parlent de Frankenstein à Bagdad
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Le Point | 29-09-2016
Ahmed Saadawi, père du "Frankenstein" irakien - Le PointQuand l'écrivain Ahmed Saadawi a terminé en 2013 "Frankenstein à Bagdad", un conte fantasmagorique inspiré des violences qui déchiraient son pays d...
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Le Figaro.fr | 15-01-2020
Ahmed Saadawi: «La voix qui s’est élevée place Tahrir représente l’espoir d’un nouvel Irak»INTERVIEW - L’écrivain estime que la majorité des manifestants en a «assez de la domination des partis islamistes corrompus».
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LExpress.fr | 03-10-2016
Ahmed Saadawi et la vie dans le chaos de Bagdad - L'ExpressAhmed Saadawi, figure phare des lettres irakiennes, a choisi de rester vivre au pays malgré la guerre. Dans Frankenstein à Bagdad, lauréat du prix international du roman arabe, il convoque la figure créée par Mary Shelley pour mieux décrire la réalité sanglante de la capitale irakienne.
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Les Inrockuptibles | 23-12-2017
Le “Frankenstein à Bagdad” d’Ahmed Saadawi bientôt au cinéma ? -
JAPANFM | 19-06-2020
Annonce de la liste restreinte des prix Arthur C. Clarke 2020 – JAPANFMImage: Prix Arthur C. Clarke La British Science Fiction Association, la Science Fiction Foundation et le festival du film Sci-Fi-London ont annoncé la liste des finalistes du 34e prix Arthur C. Clarke de cette année. Le président des juges du Prix, le Dr Andrew M. Butler, a noté que la sélection de cette année 'avait
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Franceinfo | 30-04-2014
"Frankenstein à Bagdad", lauréat du plus prestigieux prix arabe de littératureUn conte fantasmagorique inspiré de la violence qui déchire l'Irak, "Frankenstein à Bagdad", d'Ahmed Saadawi, a obtenu le Booker Prize arabe qui couronne, chaque année, une oeuvre littéraire dans le monde arabe. Les autres oeuvres finalistes étaient également marquées par les thèmes de la violence et du désespoir dans les sociétés arabes.
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JeuneAfrique.com | 22-12-2016
Littérature : Frankenstein à Bagdad, la chronique d’un enfer – Jeune AfriqueBagdad en 2005, des scènes apocalyptiques déchirent la ville, anéantissant les vestiges d’un passé millénaire.
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Un écrivain irakien assassiné dans les rues de KerbalaCe samedi 2 février 2019, l'écrivain irakien Alaa Mashzoub a été tué par balles près de...
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La première sélection du prix du Roman arabe 2018 | Livres HebdoLe jury du prix international du Roman arabe a présenté sa première sélection, mercredi 17 janvier, des 16 titres en compétition. La deuxième sélection
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rts.ch | 23-02-2017
La guerre au Proche-Orient, terreau fertile pour les écrivains arabes - rts.ch - LivresA travers un récit autobiographique, le Libyen Hisham Matar évoque la mémoire de son père, farouche opposant à Kadhafi. Les Irakiens Ahmed Saadawi et Hassan Blasim, eux, ont choisi l’outrance de la fiction pour décrire le chaos qui règne dans leur pays.
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Courrier international | 11-03-2019
À Bagdad, un fragile retour à la normale après des années de violencesLa capitale irakienne n’est pas tombée sous l’emprise de Daech. Mais les dernières années, rythmées par des attentats sanglants, ont été éprouvantes pour les habitants. Reportage dans une ville encore en état de choc.
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Courrier international | 26-07-2018
Mythe. Frankenstein : quand la science a peur du monstre[Publié le 26 juillet 2018] La créature du docteur Frankenstein hante les pages des revues savantes. Incarnation de la démesure scientifique, elle sert de mise en garde. Au risque de décourager la recherche, s’inquiètent certains.
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La première sélection du Prix international du roman arabe 2019 | Livres HebdoSeize ouvrages ont été retenus, lundi 7 janvier, pour figurer dans la première sélection du prix international du Roman arabe 2019. La liste comprend 7 femmes et 9 hommes,
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Bagdad 2/3: Une nouvelle vague d’écrivains irakiens dont la mort hante les pages | Le Club de MediapartTrois livres de romanciers récemment traduits en français montrent la belle vivacité de la littérature irakienne ; le vendredi à Bagdad, la rue Al-Mutanabbi ne désemplit pas.
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L’histoire tourmentée de l’Irak narrée par ses écrivainsQuel rôle ont joué les écrivains irakiens dans l’histoire de leur pays ? Des coups d’Etat à la dictature, en passant par les guerres, ils ont tour à tour raconté la vie quotidienne, été la caisse de (...)
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Virginie Despentes et Laurent Binet en lice pour le Man Booker International Prize 2018 | Livres HebdoPrésidé par l’historienne Lisa Appignanesi, le jury du Man Booker International Prize a révélé lundi 12 mars sa première sélection de 13 titres e